F de Forge : d’elle, naît la lame du laguiole
Forge de Laguiole ramène le feu à Laguiole, réimplantant une véritable forge au village. Depuis trente ans, elle porte au plus haut le travail du fer et de la lame.
Forge de Laguiole, ce sont d’abord des lames forgées principalement en acier T12. Produit en exclusivité par les Aciéries de Bonpertuis (Isère), il s’agit d’un acier français qui combine durabilité, inaltérabilité et facilité d’aiguisage. La manufacture forge également de l’acier carbone XC75 et de l’acier damas, inox ou carbone.
Savoir-Forger
C’est également un savoir-faire qui s’exprime dans chacune des étapes menant du matériau à la pièce présentées ci-dessus :
Nos forgerons commencent par découper des crampons (pièces de métal) qu’ils introduisent ensuite dans le four à induction.
Les crampons sont chauffés à la couleur rouge cerise (900/1000°C) en 6 secondes.
- Retirées du four, les pièces sont forgées au marteau pilon (la pression avoisine les 300 tonnes), formant ce qu’on appelle « les premières lames » avec le dos, le tranchant et le talon.
- Celles-ci sont ensuite poinçonnées à froid, marquée de la signature et du logo « Forge de Laguiole ». Puis les lames sont découpées selon la technique dite « guillotine » avec une matrice (l’objet évoque un emporte-pièce) et une presse de 60 tonnes. (Chutes et déchets sont refondus)
- Les lames et les talons sont redressés. Le forgeron passe à l’étape suivante : la Trempe.
Fondamentale pour la solidité de la lame, la Trempe consiste à plonger brutalement dans un bain, les lames chauffées à 900°/1000°. Autrefois, c’était dans l’eau de la rivière voisine, aujourd’hui, nos forgerons préfèrent l’huile qui assure un résultat régulier (pas de « tapures » autrement-dit de fissures, pour un tranchant irréprochable).
- A nouveau, les lames sont réchauffées à des températures qui touchent leur point de fusion pour être refroidies ensuite très lentement, cette opération s’appelle le recuit. Elle permet d’obtenir un acier au réseau cristallin homogène.
- Puis, pour s’assurer la bonne tenue de la lame, nos forgerons procèdent à plusieurs normalisations. C’est le Revenu. Par un chauffage modéré des lames, on évite ainsi que ces dernières présentent une structure cassante. Le procédé permet également de sélectionner les lames en fonction de leur dureté ; une considération importante pour définir leur condition d’utilisation.
- Enfin, c’est le moment de l’émouture (forme du V de la lame) qui s’effectue sur une machine.
Nous forgeons toutes les mitres de nos couteaux laguiole, à chaud pour les mitres en inox, à froid pour les mitres en laiton et les platines. Nos ressorts sont chauffés à 1000°, soumis à la Trempe et au Recuit.
Histoire de Forge
Habile et victorieux, Thor, dans la mythologie nordique, est le fils du dieu Odin, Vulcain pour les romains, fils de Jupiter et Junon, maître des volcans, Héphaïstos, fils d’Héra au père incertain enfin époux d’Aphrodite, le forgeron est porteur de significations multiples, fascinantes et paradoxales.
Souvent boiteux ou estropié, il est le Maitre du Feu, celui qui officie dans ce lieu à part, la Forge, où s’apprivoise le plus mystérieux des quatre éléments, le feu que le forgeron est le seul à savoir transmuter en puissance positive.
Mais s’il appartient aux entrailles de la terre (Thor et ses nains les « Schmied »), le forgeron est aussi dans la mythologie grecque et romaine, associé à l’élément aquatique, Héphaïstos passe neuf années au fond de la mer à forger des bijoux précieux pour les déesses marines.
C’est que la Forge où brillent les lueurs du fourneau, est également l’endroit du mélange et de la résolution des contraires, celui où l’eau et le feu se soutiennent pour se mettre au service de l’ingéniosité, de l’industrie et de l’imagination humaine.
D’ailleurs à la Renaissance, le verbe forger prend également le sens de « créer » et au sens figuré d’imaginer, inventer. La langue, parfois plus sage que ceux qui la parlent, efface et brouille la frontière tracée entre l’artiste et l’artisan.
Les aciéries de Bonpertuis
« Avec les guerres d’Italie au XVIe siècle, la fabrication de l’acier devient massive. Les aciéries de Bonpertuis sont créées en 1574 par Jehan Perron, marchand de Tullins. Au 19e siècle, les forges se reconvertissent avec l’adoption de nouvelles méthodes de fabrication de l’acier. En 1859, elles se basent sur les fonderies à l’anglaise avec les fours chauffés au coke, laminoirs et fours de cémentation. A la fin de la Première guerre mondiale, installation de fours électriques à arc. Les deux fours à cémenter l’acier ont été établis par Alphonse Gourju en 1859. Il s’agit du dernier four de ce type conservé aujourd’hui en France. » à l’Inventaire du patrimoine du Ministère de la Culture.
« Maitres de forge », les Aciéries de Bonpertuis, sont aujourd’hui les spécialistes français incontestés du laminage et de l’étirage des aciers inoxydables et de coupe, des aciers carbones, spéciaux, du titane et d’autres alliages. Cette longue expérience alliée à une gestion de la qualité ISO 9000 a contribué au rayonnement international des Aciéries de Bonpertuis qui exportent 70% de leur production vers plus de 50 pays.
Pour Forge de Laguiole, les aciéries de Bonpertuis ont développé un acier T12 spécifique, soit une matière inaltérable de haute qualité pour des lames à la solidité irréprochable.
Les Aciéries Bonpertuis disposent d’une ligne de laminage continu en bobine de trois laminoirs conventionnels barre à barre. Ils opèrent en termes de parachèvement, grenaillage, calibrage, dressage et préparation soignée des produits avant expédition. Elles assurent un traitement thermique de haute qualité sans décarburation, sous atmosphère contrôlée, elles réalisent, le tronçonnage, le lopinage (découpage de barre) le poinçonnage, le cisaillage. Les Aciéries de Bonpertuis sont équipées d’un atelier de laminage à froid et d’un centre d’usinage petites capacités.