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30 ans Forge de Laguiole

Parler jargon sans faire jargonner le couteau !

La fabrication d’un vrai couteau laguiole fait appel à plus de 40 étapes et un nombre impressionnant de termes techniques. Plongeons dans le jargon de la coutellerie traditionnelle.

Dans le terme « jargon » chante la langue étrangère et le gazouillis des oiseaux du moins du XIIe au XVIe siècle, autrement dit : l’inintelligible. Dans le même temps et partant de la signification première, le mot prend le sens plus précis de parler spécifique à une communauté. C’est alors le parler des savants, des alchimistes, des compagnons, marqué par une ambivalence ; langage d’initié, il peut se transformer en parler prétentieux.

La coutellerie et les couteliers sont riches de leur savoir-faire, de leurs gestes, de leurs mots et de leurs expressions, issus parfois d’univers différents.

Explorer la planète coutelière signifie passer du monde de la forge pour s’approcher de celui des orfèvres sans oublier les trésors d’expressions propres au monde de la coutellerie.

Dans la Forge…

On déroule la bobine d’acier puis l’on « tronçonne le crampon ». Soit, on redresse et on découpe le fil de l’alliage à la taille de la pièce à forger :  c’est le crampon.

La préparation de la pièce et la chauffe est confié à un chauffeur appelé autrefois servant qui tend le lopin (crampon chauffé) à l’estampeur qui découpe la pièce au moyen des matrices gravées dans des moules en actionnant les presses à haute pression. Une fois l’estampe obtenue et le recuit (action de porter la pièce à une température plus basse pour la refroidir lentement- voir l’article Forge), c’est au découpeur d’intervenir pour détourer la pièce au poinçon et la débarrasser de la bavure d’estampage, (de l’acier en supplément). Puis c’est au repasseur d’intervenir pour aplanir, jadis la pièce était présentée au marteau et tenue à La main. C’est désormais, un bras articulé qui permet le repassage. 

De quoi est composé un couteau laguiole?

 

Après la trempe (traitement thermique du crampon par immersion), puis éventuellement un revenu (un deuxième recuit), le forgeron marque la lame et l’onglet éventuellement avec une presse. L’onglet est une encoche destinée à faciliter la saisie de la lame et à éviter à son propriétaire de se blesser. Les pliants Forge de Laguiole sont onglés.

Il s’agit, alors, d’attaquer l’émouture, on dit parfois émoulage. L’opération consiste à enlever de la matière du dos de la lame jusqu’au tranchant pour permettre de couper. A cette occasion se forme l’entablure, la ligne de démarcation séparant l’émouture du talon de la lame. L’opération est réalisée grâce à une machine spécifique : le Back stand.

Le Back stand est une ponceuse à bande, le nom dérive d’un terme anglais attesté dès 1810 dans les textes accordant des patentes pour fabriquer des machines. Il appartient à l’origine au vocabulaire du textile, désignant une pièce permettant d’effectuer le cardage de la laine. Le point commun avec la ponceuse de coutellerie ? Les bandes et la rotation. Il s’agit sans doute d’un déplacement de signification, reposant sur une ressemblance de forme et non sur une similitude de fonction ou d’utilisation.

Le Back stand sert à aussi à poncer les manches, dont nous parlerons plus en détail dans un prochain article de cet abécédaire anniversaire. Pour sa fabrication, celui-ci fait appel à des rivets, chevilles ou molletons, axes qui vont aussi servir à fixer les mitres :  ces pièces en inox ou en alliage (laiton) visibles en tête couteau sous le ricasso (partie non affutée de la lame) et au « cul » du couteau. Décoratives, les mitres servent aussi à protéger le couteau en cas de chute.

Puis, le monteur insère le ressort (lisse ou guilloché, voir ci-dessous).

Le ressort est situé à l’intérieur du manche, le mot évoque le diablotin hors de sa boite mais la pièce n’a rien d’une spirale.  Il s’agit en réalité d’un mécanisme mis au point progressivement du 16ème au 17ème siècle inspiré tout d’abord de la crémaillère des couteaux espagnols. Il est rendu possible par le métallurgiste anglais Benjamin Huntsman et sa technique de fonte de l’acier en creuset permettant ainsi de fabriquer des ressorts pour l’horlogerie comme pour les couteaux extrêmement résistant à la tension. Peu considéré dans son pays, c’est grâce aux couteliers français qui lui achètent son acier exporté que l’inventeur accède à la reconnaissance en Angleterre.

Guillochage

C’est la partie du travail de l’artisan-coutelier qui touche le plus à l’orfèvrerie : de par les outils utilisés et les techniques mises en œuvre lors du ciselage de la mouche.

Guillocher consiste à faire apparaître un motif sur les dos de la lame (appelé aussi faux-tranchant) ou du ressort à l’aide d’une lime ou d’un burin. Il peut être réalisé à la main ou à la machine.

En revanche on ne guilloche pas la mouche, (la partie plate du ressort qui assure l’appui et se situe à la tête du manche entre les mitres) on la sculpte selon la technique du « pris sur pièce » (création d’un objet à partir d’un bloc de métal décoré ensuite). Ainsi se transforme-t-elle bien souvent en abeille.

Assemblage et poncetage

La soie de la lame (partie plate) est introduite dans le manche, le monteur assemble les différentes parties du couteau et vérifie le poncetage, autrement dit le réglage du ressort. Il s’agit d’éviter que le la lame ne le touche afin de préserver la qualité du fil du tranchant.

Affûtage et lustrage d'une lame de laguiole traditionnel.

Affûtage et lustrage d’une lame de laguiole traditionnel.

Affûtage et lustrage

L’une des dernières des 40 étapes qui ont marqué la fabrication du pliant signé Forge de Laguiole.

Désigné également sous le terme d’aiguisage, l’affûtage permet de donner à la lame, son tranchant utile. L’opération s’effectue sur le fil, autrement-dit l’arrête vive. Elle a pour objectif de réduire au plus tout arrondi même microscopique de cette partie et d’en faire disparaître les irrégularités et défauts.

Aiguisage

L’aiguisage se fait essentiellement par enlèvement de matière.

On commence par dégrossir la lame avec une pierre de taille conséquente, à choisir en fonction de la dureté de l’acier de la lame selon l’échelle de Rockwell.

L’échelle de Rockwell (HRC) est une échelle mesure utilisée pour quantifier la dureté de l’acier. Pour couper, une lame doit être dure mais une dureté trop élevée la rend plus fragile. A l’inverse, une dureté trop basse la rend souple mais affecte la qualité de son tranchant.

Puis on procède à l’affinage du fil au cuir, (le plus souvent au Back stand).

C’est ensuite le contrôle qualité. A la Forge de Laguiole, nos couteliers procèdent ensuite à un nettoyage précis et minutieux. Pour ce faire, ils opèrent avec un bac à ultrason similaire à celui utilisé en bijouterie.  Si le moindre problème est détecté, le couteau sera automatiquement renvoyé pour la remise en état.

A la FORGE DE LAGUIOLE on jargonne le couteau mais on ne barguigne pas sur la qualité !

 

I comme Icône, caractéristique du laguiole

Au fil des siècles le couteau laguiole est devenu un symbole à part entière, une icône du bien-vivre capable de briller à la campagne comme sur les belles tables.

Pour l’Église orthodoxe, l’icône (εικόνα ou eikona) est beaucoup plus qu’une image pieuse, elle est une instance de médiation avec le divin.

Comme telle, dès le VIIIe siècle, l’icône doit satisfaire à des critères bien établis, imposant aux artistes de strictes contraintes : représenter Jésus puis Marie ou un personnage religieux ayant un rapport direct avec eux, être dessinée en deux dimensions, montrer les visages de face avec leurs deux yeux de face, être de forme rectangulaire, rigoureuse dans son dessin, composée de lignes séparant nettement les surfaces colorées…

Cet ensemble d’éléments forme ce qu’on appelle « un canon ». Par extension, tout objet présentant des caractéristiques formelles clairement identifiées et revêtant une forte valeur symbolique se voit qualifier d’icône.

Toutes les caractéristiques iconiques dans un couteau

Se poser la question à propos Laguiole, n’est-ce pas y répondre aussitôt par l’affirmative.

Car, c’est bien de cela qu’il s’agit.

couteau laguiole authentique fabriqué en Aubrac

Il y a d’abord la mouche, petite plateforme située en tête du ressort, jadis pourvue d’un anneau permettant d’ouvrir le couteau. Lorsque que le Laguiole prend sa nature définitive de pliant à cran forcé, elle perd sa fonctionnalité sans pour autant disparaître.  On la sculpte de mille et une façons et notamment en abeille. Bien qu’il soit impossible de fournir une explication définitive, l’insecte s’impose au 20ème siècle et l’abeille devient pour beaucoup l’emblème du Laguiole.

Il y a ensuite la lame Yatagan, avec sa pointe et son angle immédiatement reconnaissables, issus des « navajas » catalans rapportés par les scieurs aveyronnais en campagne de l’autre côté des Pyrénées.

Le manche à la ligne courbe, s’inspirant de la jambette (nom du manche du couteau sans ressort, l’eustache) représente une étape supplémentaire dans l’élaboration de l’identité du couteau.

L’introduction du cran forcé achève de métamorphoser le « capuchadou » en « Laguiole », tandis qu’entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, les mains habiles des grands artistes-couteliers lui donnent son allure définitive. Le « petit » pliant forgé sur les bords de la Selves est devenu le symbole de la haute coutellerie hexagonale.

Désormais, il est aussi à l’aise dans les poches des princes que dans celles des artistes ou des éleveurs du plateau de l’Aubrac.

vrai laguiole

A la Forge de Laguiole, conscients de la valeur de cet héritage, les maîtres-couteliers ont à cœur de respecter ce « canon » qui a fait du pliant Laguiole, cette icône de la coutellerie universelle.

H comme histoire de la coutellerie

Trente ans de production de couteaux laguiole en Aubrac, une goutte d’eau dans l’histoire de la coutellerie dans laquelle la Forge de Laguiole vous propose de vous plonger…

Une histoire d’Hommes ….

« L’homme fabrique des outils concrets et des symboles, les uns et les autres relevant du même processus ou plutôt recourant dans le cerveau au même équipement fondamental » publie l’ethnologue André Leroi-Gourhan in Le geste et la Parole.

A cet égard, l’histoire du couteau est particulièrement significative, son apparition marquant un moment particulier de l’histoire de « l’hominisation », soit le passage du bloc, rocher, palet, galet, instruments de circonstance à l’outil, soit l’éclat fabriqué dans un objectif et nous sommes en -10 000/ -5 000 av JC.

Avec le Néolithique (- 5 000 à – 2 500), c’est le développement et le primo-avènement de la métallurgie, dans le même temps grâce à l’élevage des bovidés, la quantité d’os permet de supplanter le bois et les bois de cervidés dans la fabrication des manches de couteaux.

L’Age des Métaux débute en Europe qui découvre toutes les techniques métallurgiques. La France occupe une place à part, le Sud-Ouest (plus de 200 sites recensés dans le seul Périgord) et le Sud. La richesse de ses forêts (charbon de bois), de son minerai et de son réseau hydrographique, explique largement cette situation pivot. Bientôt, la caste des forgerons supplante celle des chasseurs.

Des couteaux pliants

C’est aux IIe et IIIe siècles après J.-C., que naissent les couteaux pliants : utilitaires au début, ornementés et décoratifs ensuite.

Sur le plan technique et technologique, le Moyen-Âge connait une nette évolution, notamment avec le martinet.  Equipé d’un système à came (cylindre en rotation) entraîné par la force du courant, il frappe sans relâche sur une des enclumes permettant : l’ETIRAGE des barres de métal, le PLATINAGE qui fournit les tôles, l’ECROUISSAGE (à froid) ou le CORROYAGE (à chaud), qui assure homogénéité et durcissement du métal.

Enfin l’acier de DAMAS, apparaît en superposant un acier très peu carboné avec un autre fortement carboné. Parallèlement, la technique du DAMASQUINAGE se répand, reproduisant les dessins moirés du véritable Damas, par ciselure puis par incrustation d’un autre métal. La lame damas était née…

La fin du Moyen-Âge marque l’apogée de la période décorative. Outre l’insertion de matières précieuses, elle voit l’enluminure des manches. La période est aussi marquée par une évolution phare : la fabrication des premiers couteaux de table.

… aux couteaux de table

Au XIIIe siècle, ce couteau se diversifie à table avec l’apparition de quatre types de couteaux : les  » cousteaux à trancher  » possédaient une lame très large permettant de présenter la tranche de viande qu’ils venaient de couper ; le  » parepain  » servait à couper puis égaliser la tranche de pain faisant office d’assiette ; le  » petit coustel  » permettait à chacun de couper en morceaux plus petits, de désosser et de dénerver. Enfin, au cours des voyages, un fort coutelas-machette, appelé  » taillebois  » était nécessaire pour modifier ou réaliser sur place des tranchoirs, s’ils n’avaient pas été emportés dans les bagages.

Les femmes portent un petit couteau à lame fixe à la ceinture, suspendu par un cordon ou une chaînette métallique, en compagnie de leur aiguiller, de forces (ciseaux) et d’une bourse. Les religieuses faisaient de même, avec un couteau porté à la taille dans une ceinture de cuir.

La profession de coutelier connaît un certain succès et quelques premières règles communes : le poinçon de fabrique devient obligatoire avec un décret pris le 20 décembre 1275.

En 1261, Etienne Boileau Prévost de Paris a procédé au recensement des métiers, des usages et des corporations : il ressort de son  » livre des métiers  » qu’une centaine de couteliers exercent dans la capitale. Boileau organisa alors la séparation d’activités proches en deux professions principales distinctes : les Fèvres Couteliers et les Couteliers Faiseurs de Manches.  La durée minimum de formation est fixée à 8 années. Le terme de Coutelier désigne uniquement les marchands de couteaux.

Aux XIVe et XVe siècles, le couteau de table bénéficie toujours d’attentions soutenues et ses formes et couleurs se plient même parfois au calendrier religieux : c’est ainsi que pour quelques centaines d’années seront produits des « couteaux de carême » à manche d’ébène noir, des « couteaux de Pâques « « blancs en ivoire » mais aussi les célèbres « couteaux de Pentecôte » dont le manche est fait d’un damier de 2 couleurs, dans un remarquable travail de tabletterie. La réalisation de manches émaillés date de la même période. Le XVe siècle n’apporte pas de changements importants si ce n’est l’ancrage de l’habitude de porter un couteau sur soi, dans une gaine de ceinture très décorée. A la fin du siècle, s’amorce parfois son remplacement par un couteau pliant, porté dans les poches équipant de plus en plus souvent les vêtements mais il s’agit encore d’une exception. En revanche, c’est le début d’une concurrence européenne de longue haleine : la ville anglaise de Sheffield dont l’activité métallurgique remonte au XIe , acquiert une solide réputation dépassant ses frontières.

couteau laguiole traditionnel

Coutellerie, métier d’art et innovations

La Renaissance puis le XVIIe va faire basculer la coutellerie vers les métiers d’art.  Sous le règne de Louis XIII, des services sont réalisées dans des matériaux précieux par de véritables artistes, on les conserve dans de luxueux coffrets. La profession s’organise et se réglemente.

Le siècle des Lumières sera pour la coutellerie celui de l’invention avec une innovation majeure : l’acier fondue en 1788 : technique probablement expérimentée en Angleterre. Gage de qualité, cet acier sera remplacé par l’acier inoxydable.

Le XIXest le siècle de la coutellerie, au sens où il concentre bonds technologiques, nouvelles techniques, définition de formes et de code et démocratisation. L’introduction de la machine à vapeur modifie notablement les modes de fabrication en généralisant l’utilisation du marteau-pilon. A côté des techniques ancestrales de l’emporte-pièce, se développent les forges industrielles. Les aciers se modifient avec le début des aciers alliés, les formes et les types de couverts se standardisent. Des matériaux de synthèse voient le jour comme la parkésine en 1840, le celluloïd en 1870 ou la galalithe en 1899 sans oublier la bakélite un peu plus tard en 1909. C’est véritablement l’apparition des pliants, les crans forcés, les multifonctions, Les tire-bouchon et les premiers Laguiole qui voient le jour au cœur du village éponyme.  Enfin l’activité commerciale s’organise et monte ne puissance avec notamment, l’apparition de revendeurs ou la participation aux foires. Les formes aussi se fixent avec l’émergence de familles de couteaux régionaux aux formes facilement reconnaissables. Avec sa lame yatagan, sa mouche, son manche galbé et ses ressorts guillochés ; son ancêtre, le capuchadou, le Laguiole est de ceux-ci.

Le XXe siècle s’ouvre pour la coutellerie sur l’introduction de l’inox inventé par Harry Brearley, suivi pour les manches de la résine, de la fibre de carbone. C’est également le grand moment du retour aux sources avec un vif  engouement pour les modèles de collection.

Un Caucasien très gascon, le couteau d’Alexandre Dumas…

couteau d'Alexandre DumasIl a été acquis pour 5 600 € auprès de l’étude Pierre Bergé et Associés.

Rapporté par l’auteur de Trois Mousquetaires de son voyage en Russie caucasienne, il s’agit d’une pièce de collection avec lame d’acier et ornementation dorée près du manche, bague en métal damasquiné, manche de corne, fourreau de cuir noir sur bois avec embouts métalliques (quelques manques et réparations au cuir du fourreau).

Ce couteau de collection a été offert par l’homme de lettre à son ami, le cuisinier Vuillemot.  Il porte, gravé en noir sur le manche de corne, les initiales AD enlacées. Sur la lame, Dumas a fait graver en lettres italiques l’inscription : Alexandre Dumas à son ami Vuillemot.

C’est à Tiflis (actuelle Tbilissi en Géorgie), lors de son voyage en Russie et dans le Caucase en 1858-1859, que Dumas acquiert ce couteau. Il raconte : « À Tiflis, je marchandais un poignard à la boutique d’un armurier. Le prince Eristof passe. Je ne le connaissais pas, il ne m’avait jamais vu. On lui dit qui je suis. Alors, s’approchant de moi et s’adressant à mon jeune interprète russe : « Dites à M. Dumas de ne pas acheter à ces gens-là ; ils le voleront et lui donneront de mauvaise marchandise. » Je remerciai le prince Eristof de son conseil et je continuai mon chemin en jetant un regard sur le poignard qu’il portait à sa ceinture. En rentrant chez moi, j’y trouvai la carte et le poignard du prince Eristof. Le poignard valait quatre-vingts roubles, la carte n’a pas de prix » Le Caucase, chap. xxxiv). Son compagnon de voyage, le peintre Jean-Pierre Moynet, a évoqué leurs courses dans le bazar de Tiflis et les boutiques des armuriers « qui étalent des quantités de lames, de schaskas ou de kangiars, des pistolets et des fusils ornés d’argent avec des damasquinures brunies d’un travail merveilleux ». Dumas a offert ce couteau à son ami le cuisinier Denis Joseph Vuillemot (1811-1876), qu’il avait connu à l’Hôtel de la Cloche et de la Bouteille à Compiègne et qui lui communiqua nombre de recettes pour le Grand Dictionnaire de cuisine (1872). Dans ce livre, il consacre un article louangeur à Vuillemot et évoque le don du couteau à l’occasion d’un extraordinaire banquet, Dumas parle d’une ovation. « Vers 1863, à mon retour de Tiflis, je reçus la visite de Vuillemot qui m’informa qu’une ovation m’était faite par mes amis, mon fils en tête, sous forme d’un banquet. Le banquet eut lieu au Restaurant de France, place de la Madeleine, que venait de prendre Vuillemot. Le repas fut tel, que, pour témoigner ma gratitude j’offris à mon hôte un couteau acheté par moi à Tiflis, qui portait gravé sur la lame d’acier avec ornementation dorée près du manche, bague en métal damasquiné, manche de corne, fourreau de cuir noir sur bois avec embouts métalliques (quelques manques et réparations au cuir du fourreau), la lame : Alexandre Dumas à son ami Vuillemot. »

 

G comme les beaux gestes de Forge de laguiole

Forge de Laguiole, c’est près de 200 gestes de savoir-faire à l’origine de la création d’un véritable couteau laguiole. A l’occasion de nos 30 ans, on vous emmène dans nos ateliers…

De la forge à la finition, ce ne sont pas moins de 40 et parfois jusqu’à 180 opérations accomplies pour offrir aux amoureux des belles choses, le plaisir des yeux et la joie de toucher dans sa version la plus authentique, le véritable pliant de laguiole.

ciselage couteau pliant laguiole

Le ciselage, étape de création qui fait du couteau laguiole un pliant unique.

  • Tout commence à la forge, chauffer la lame jusqu’au rouge-cerise la couleur favorite des forgerons de Forge de Laguiole, former la lame par étirage et tape, procéder à la trempe, saisir avec les pinces, replacer dans le four, marquer la lame.

 

  • Se poursuit le sciage, Forge de Laguiole est l’une des rares coutellerie à disposer encore de son propre atelier, avec l’œil qui sélectionne les plus beaux morceaux d’essences de bois, de corne de vache de l’Aubrac ou de matériaux contemporains et la main qui les débite puis les façonne.

 

  • Se peaufine le ciselage, avec les gestes précis et fluides de celui que manie le stylet, le burin, la lame pour tracer, limer, guillocher le ressort, lisser la mouche et bien sûr ciseler l’abeille…

 

  • Se concrétise enfin l’assemblage avec le rivetage des mitres, l’ajustage des platines en fonction de leur épaisseur, la pose de l’abeille quand celle-ci n’est pas sculptée dans la mouche.

 

  • S’achève le geste au backstage avec le polissage des manches et l’émouture des lames qui connaissent ainsi leur dernier affûtage.

 

  • Enfin le logo distinctif est gravé, le couteau est prêt pour… Le contrôle qualité.

Chaque pliant laguiole est unique et sa fabrication confiée à l’intuition, à la sensibilité, au coup d’œil et à la vigilance d’un seul coutelier.

Forge de Laguiole se réjouit de pouvoir confier à la main de couteliers experts, certains meilleurs ouvriers de France, d’autres couronnés par de nombreux prix, la réalisation de ses couteaux uniques, fruit de 200 ans de savoir-faire partagés.

Forge de Laguiole a à cœur de transmettre ce savoir-faire au travers ces couteliers-experts qui perpétuent la tradition en enseignant ces bons gestes qui deviendront les beaux gestes de demain.

Un coutelier de Laguiole Meilleur ouvrier de France

Parmi les prix et les titres qui distinguent les beaux gestes, l’un des plus prestigieux est sans doute celui du Meilleur Ouvrier de France (MOF)

pliant laguiole de collection Forge de Laguiole

Exemple d’un pliant laguiole de collection réalisé par notre maître coutelier.

Un couteau de Forge de Laguiole Meilleur Ouvrier de France, Virgilio Muñoz a obtenu le titre en 1986 dans la catégorie des Couteaux de collection. Réalisé sur mesure à destination des collectionneurs, chacun de ses pliants laguiole est unique et nécessite un temps parfois infini pour sa réalisation. Chacun de ces couteaux de qualité se distingue par le matériau travaillé sur le manche, la précision d’ajustage mais aussi la finition du travail et le dessin exécuté par le maître coutelier.

F de Forge : d’elle, naît la lame du laguiole

Forge de Laguiole ramène le feu à Laguiole, réimplantant une véritable forge au village. Depuis trente ans, elle porte au plus haut le travail du fer et de la lame.

Forge de Laguiole, ce sont d’abord des lames forgées principalement en acier T12. Produit en exclusivité par les Aciéries de Bonpertuis (Isère), il s’agit d’un acier français qui combine durabilité, inaltérabilité et facilité d’aiguisage. La manufacture forge également de l’acier carbone XC75 et de l’acier damas, inox ou carbone.

Savoir-Forger

C’est également un savoir-faire qui s’exprime dans chacune des étapes menant du matériau à la pièce présentées ci-dessus :

Nos forgerons commencent par découper des crampons (pièces de métal) qu’ils introduisent ensuite dans le four à induction.

Les crampons sont chauffés à la couleur rouge cerise (900/1000°C) en 6 secondes.forge d¡une lame de couteau laguiole

  • Retirées du four, les pièces sont forgées au marteau pilon (la pression avoisine les 300 tonnes), formant ce qu’on appelle « les premières lames » avec le dos, le tranchant et le talon.
  • Celles-ci sont ensuite poinçonnées à froid, marquée de la signature et du logo « Forge de Laguiole ». Puis les lames sont découpées selon la technique dite « guillotine » avec une matrice (l’objet évoque un emporte-pièce) et une presse de 60 tonnes. (Chutes et déchets sont refondus)
  • Les lames et les talons sont redressés. Le forgeron passe à l’étape suivante : la Trempe.

Fondamentale pour la solidité de la lame, la Trempe consiste à plonger brutalement dans un bain, les lames chauffées à 900°/1000°. Autrefois, c’était dans l’eau de la rivière voisine, aujourd’hui, nos forgerons préfèrent l’huile qui assure un résultat régulier (pas de « tapures » autrement-dit de fissures, pour un tranchant irréprochable).

  • A nouveau, les lames sont réchauffées à des températures qui touchent leur point de fusion pour être refroidies ensuite très lentement, cette opération s’appelle le recuit. Elle permet d’obtenir un acier au réseau cristallin homogène.
  • Puis, pour s’assurer la bonne tenue de la lame, nos forgerons procèdent à plusieurs normalisations. C’est le Revenu. Par un chauffage modéré des lames, on évite ainsi que ces dernières présentent une structure cassante. Le procédé permet également de sélectionner les lames en fonction de leur dureté ; une considération importante pour définir leur condition d’utilisation.
  • Enfin, c’est le moment de l’émouture (forme du V de la lame) qui s’effectue sur une machine.
Nous forgeons toutes les mitres de nos couteaux laguiole, à chaud pour les mitres en inox, à froid pour les mitres en laiton et les platines. Nos ressorts sont chauffés à 1000°, soumis à la Trempe et au Recuit. 

Histoire de Forge

Habile et victorieux, Thor, dans la mythologie nordique, est le fils du dieu Odin, Vulcain pour les romains, fils de Jupiter et Junon, maître des volcans, Héphaïstos, fils d’Héra au père incertain enfin époux d’Aphrodite, le forgeron est porteur de significations multiples, fascinantes et paradoxales.

Souvent boiteux ou estropié, il est le Maitre du Feu, celui qui officie dans ce lieu à part, la Forge, où s’apprivoise le plus mystérieux des quatre éléments, le feu que le forgeron est le seul à savoir transmuter en puissance positive.

Mais s’il appartient aux entrailles de la terre (Thor et ses nains les « Schmied »), le forgeron est aussi dans la mythologie grecque et romaine, associé à l’élément aquatique, Héphaïstos passe neuf années au fond de la mer à forger des bijoux précieux pour les déesses marines.

C’est que la Forge où brillent les lueurs du fourneau, est également l’endroit du mélange et de la résolution des contraires, celui où l’eau et le feu se soutiennent pour se mettre au service de l’ingéniosité, de l’industrie et de l’imagination humaine.

D’ailleurs à la Renaissance, le verbe forger prend également le sens de « créer » et au sens figuré d’imaginer, inventer. La langue, parfois plus sage que ceux qui la parlent, efface et brouille la frontière tracée entre l’artiste et l’artisan.

Les aciéries de Bonpertuis

« Avec les guerres d’Italie au XVIe siècle, la fabrication de l’acier devient massive. Les aciéries de Bonpertuis sont créées en 1574 par Jehan Perron, marchand de Tullins. Au 19e siècle, les forges se reconvertissent avec l’adoption de nouvelles méthodes de fabrication de l’acier. En 1859, elles se basent sur les fonderies à l’anglaise avec les fours chauffés au coke, laminoirs et fours de cémentation. A la fin de la Première guerre mondiale, installation de fours électriques à arc. Les deux fours à cémenter l’acier ont été établis par Alphonse Gourju en 1859. Il s’agit du dernier four de ce type conservé aujourd’hui en France. » à l’Inventaire du patrimoine du Ministère de la Culture.

« Maitres de forge », les Aciéries de Bonpertuis, sont aujourd’hui les spécialistes français incontestés du laminage et de l’étirage des aciers inoxydables et de coupe, des aciers carbones, spéciaux, du titane et d’autres alliages. Cette longue expérience alliée à une gestion de la qualité ISO 9000 a contribué au rayonnement international des Aciéries de Bonpertuis qui exportent 70% de leur production vers plus de 50 pays.

Les aciéries de Bonpertuis, maître de forge pour Forge de Laguiole.

Les aciéries de Bonpertuis, maître de forge pour Forge de Laguiole.

Pour Forge de Laguiole, les aciéries de Bonpertuis ont développé un acier T12 spécifique, soit une matière inaltérable de haute qualité pour des lames à la solidité irréprochable.

Les Aciéries Bonpertuis disposent d’une ligne de laminage continu en bobine de trois laminoirs conventionnels barre à barre. Ils opèrent en termes de parachèvement, grenaillage, calibrage, dressage et préparation soignée des produits avant expédition. Elles assurent un traitement thermique de haute qualité sans décarburation, sous atmosphère contrôlée, elles réalisent, le tronçonnage, le lopinage (découpage de barre) le poinçonnage, le cisaillage. Les Aciéries de Bonpertuis sont équipées d’un atelier de laminage à froid et d’un centre d’usinage petites capacités.

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In the right light, our assorted handle materials show their countless facets. Natural, Powerful, Strong - the ideal tool for true lovers of fine wines and the highest quality. Discover our beautiful, handcrafted wine openers in our webshop. #forgedelaguiole #laguiole #laguioleknife #knives #knife #laguioleknives #madeinfrance #handmade #winelover #wine #wineopener #frenchwine #sommelier #sommelierknifeBeauty from every angle. Discover our diverse selection of unique folding knives in our online store: https://forge-de-laguiole.com/en.Are you looking for ideas how to decorate your dinner table on Christmas? How about this classic, natural setting with Forge de Laguiole! #forgedelaguiole #laguiole #laguioleknife #laguioleknives #tablesetting #christmas #christmasdinner #christmastable #cutlery #tabledecor #holiday
The shiny finish and light horn give this Forge de Laguiole knife a simple elegance. The steel and the horn seamlessly fit together. No edges. No gaps. Just a knife that fits perfectly in your hand and a blade that is sure to impress with its sharpness. Shop in our webstore. #forgedelaguiole #laguiole #laguioleknife #knives #knife #laguioleknives #madeinfrance #handmade #pocketknife #foldingknife #craftsmanshipValentines Day is about taking a break and focusing on what really matters...love. Enjoy yourself at this time. Best with a fine drop of wine and the matching sommelier knife from Forge de Laguiole. Created for the special moments. #forgedelaguiole #laguiole #laguioleknife #knives #knife #madeinfrance #handmade #pocketknife #foldingknife #valentinesday #valentinesgift #giftsforhim #giftideasAre you looking for ideas how to decorate your dinner table on Christmas? How about this classic but still modern setting with Forge de Laguiole! #forgedelaguiole #laguiole #laguioleknife #laguioleknives #tablesetting #christmas #christmasdinner #christmastable #cutlery #tabledecor #holiday
Some say they could look at their Laguiole knife for hours. Are you one of them? Discover our wide selection of unique masterpieces directly from the village of Laguiole in our webshop. #forgedelaguiole #laguiole #laguioleknife #knives #knife #laguioleknives #madeinfrance #handmade #pocketknife #foldingknife #giftsforhim #giftideas #giftguideAlarm clock off. Mobile phone on silent. Just the two of you. Want to surprise your sweetheart with breakfast in bed on Valentines Day? Then we have the ideal tool for you with our butter knife. Due to the special handle, this knife with a fine handle made of dark horn can stand upright. This guarantees that you no longer smear the butter on the tray. A true eye catcher. #forgedelaguiole #laguiole #laguioleknife #knives #knife #laguioleknives #madeinfrance #valentinesday #love #valentinesgiftDo you already know what to eat at Christmas? How about something classic? Tender duck breast with braised beans and a fine potato and porcini mushroom gratin - perfectly presented with our cutlery set with olive wood handles. Because your Christmas dinner deserves perfection. #laguioleknife #laguiole #forgedelaguiole #cutlery #laguiolecutlery #tableknife #dinner #tablesetting #christmas #christmasdecor #christmasdinner #luxury #duckbreast