Jean Gabin, le laguiole sur grand écran

Poursuite de notre chronique « Laguiole et célébrité » avec des personnages célèbres ayant possédé un couteau laguiole. Jean Gabin, monstre du cinéma, en fut un.

Jean-Alexis Moncorgé ne voulait pas devenir acteur. Il se rêvait comme son grand-père maternel, devenir conducteur de locomotive à vapeur ou élevé par sa sœur à la campagne, agriculteur. Mais pour son père Ferdinand Moncorgé dit Gabin, comédien d’opérette, pas question de céder aux sirènes vertes des bêtes à corne.

Dans le film « La Horse », Jean Gabin ouvre le paquet d’héroïne découvert dans sa ferme avec un couteau laguiole.

Comme le racontera plus tard, « Gueule d’Amour », la scène, il y est entré à grands coups de pieds au derrière. Reprenant le nom d’artiste de son père et malgré le manque de vocation, il y fait, tout d’abord, une belle carrière au music-hall. Au printemps 1928 au Moulin Rouge, Mistinguett le remarque et lui propose de rejoindre sa troupe. À partir de 1935, il devient une star du cinéma grâce à son « charisme exceptionnel » et à Julien Duvivier qui lui offre les personnages principaux de « La Bandera » avec Annabella, qui est son premier succès, « La Belle Equipe » avec Charles Vanel dans lequel il chante la chanson « Quand on se promène au bord de l’eau » et « Pépé le Moko ». Il incarne des héros tragiques et romantiques d’origine populaire. Puis c’est la guerre, Marlène et le retour difficile aux studios Billancourt. Relançant sa carrière, Gabin est, dans les années cinquante, l’une des figures mythiques du cinéma français. Il renoue véritablement avec le succès public grâce à « Touchez pas au grisbi » de Jacques Becker en 1954.

Gabin, acteur amoureux de la terre

Il peut enfin se permettre d’assouvir sa passion d’éleveur en achetant« La Pichonnière », un domaine de 150 hectares. Au milieu des vaches, des chevaux, parcourant ses terres, il ne sépara jamais de son pliant de Laguiole en poche. En 1962, des agriculteurs s’introduisent par effraction dans la propriété reprochant à l’acteur de ne pas louer ses terres aux jeunes agriculteurs puis on lui refuse l’impôt sécheresse, Gabin ne se remettra jamais de ne pas avoir été accepté du monde paysan. Agé de 76 ans, il décède le 15 Novembre 1976. En présence d’Alain Delon, tout comme lui ancien de la Royale, les cendres du Pacha ont été dispersées au large de Brest.